A la découverte de l'agriculture biologique
Dimanche 15 et 22 mars s’est déroulée une formation d’agriculture biologique au Centre communautaire El Nido, dans lequel je suis bénévole les mercredis après-midi. Une vingtaine de personnes entre 18 et 75 ans étaient présentes pour écouter et appliquer les enseignements de Ricardo Barrios, possesseur d’un Master en agriculture biologique et propriétaire du potager, où il cultive de nombreux légumes et plantes biologiques.
Le niveau et les attentes de chacun étaient très différents. Pour certains, c’est une nouvelle pratique à comprendre depuis les concepts les plus basiques, pour d’autres il s’agit d’une activité de longue date à perfectionner. Pour ma part, j’étais très curieuse de connaitre les bases de l’agriculture biologique. Ricardo, les mercredis après-midi, m’explique beaucoup de choses durant les heures à désherber, composter, cueillir, mais il est vrai que deux journées consacrées à la pratique permettent de bien ordonner les idées .
Ricardo a commencé par expliquer pourquoi l’agriculture biologique était importante, comparée à la folie de l’agriculture industrielle. La révolution verte était censée éradiquer la faim dans le monde, et finalement les dégâts sont gigantesques : l’agriculture d’aujourd’hui est en train de tuer tous les organismes qui donnent la vie, elle utilise une quantité infinie d’eau qui pourrait être mieux répartie, elle pourrait nourrir 12 milliards de personnes et pourtant des centaines de millions sont en sous-nutrition, elle rend impossible toute souveraineté alimentaire. De plus, à l’heure de la totale dérégulation, le prix est décidé dans une salle de marché par des personnes qui n’ont jamais vu un potager de leur vie. Le prix juste ne devrait-il pas être déterminé en fonction de la production ?
La pire conséquence est néanmoins sur notre santé. En effet, les produits chimiques utilisés pour tuer les insectes entrent dans notre corps et le détruit petit à petit. Or, les insectes sont indispensables ! Ils nous aident à voir si la plante est en bonne santé ou non. Cela fonctionne comme notre corps : les bactéries ne peuvent pas entrer si nos défenses immunitaires sont solides. Les insectes ne sont pas « attirés » par les plantes si ces dernières ont tous les nutriments et minéraux dont elles ont besoins. Si les insectes mangent les plantes, alors la terre manque de certains nutriments, et il faut la travailler en y ajoutant nitrogène, phosphore, potassium, calcium ou bien d’autres choses selon la maladie de la plante (que Ricardo nous a appris à reconnaitre). Et les sources de ces différents nutriments sont naturelles et nombreuses, le compost étant le plus connu et efficace !
En deux jours de formation, nous avons appris énormément de choses, alternant théorie et pratique : quelle est la composition des sols et des plantes (c’est maintenant que je me rends compte que j’étais stupide de ne pas m’intéresser au cours de SVT du lycée, c’est la base de la vie !), comment préparer la terre, comment faire un compost, comment produire de l’engrais, comment semer une plante, comment fabriquer un bio fertilisant, comment reconnaitre et soigner les maladies…. Et la liste est encore longue !
Cet atelier, en plus de me donner beaucoup de connaissances que j’espère pouvoir appliquer à mon retour en France, m’a permis de réaliser encore plus que l’homme moderne est complètement tombé dans l’illusion d’être un être indépendants de tout autre être vivant. Or, nous sommes tous composés de la même chose à des proportions différentes, et nous avons besoin de la terre pour avoir les nutriments essentiels nous permettant de vivre. Nous sommes en train de vider la terre de ces nutriments, et donc en quelques sortes de nous suicider.
La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de personnes se rendent compte de l’impact de l’agriculture industrielle sur leur santé et sur l’environnement, mais la proportion reste faible, et il est vrai que le prix des produits biologique reste élevé. Il faut continuer de s’informer et de communiquer ces choses importantes à ceux qui ne les connaissent pas. Je conseille également à tous ceux qui le peuvent de commencer un tout petit jardin et un compost pour se reconnecter un peu à notre base et savoir d’où vient ce que l’on consomme.
Merci Ricardo, Lendsey et toute l’équipe. Merci pour les repas extras, pour la découverte des recettes de thé, de plantes jusque-là inconnues, des leçons de vie, de votre gentillesse et de votre générosité!
Et ne manquez pas la vidéo qu'a créée à l'occasion mon amie japonaise Yumico :)
Ricardo a accueilli la formation dans sa propre maison. La théorie se fait dans son spacieux salon, au beau milieu de ses nombreux instruments de musique, avec un bon café bio et des petits gâteaux !
Certaines plantes peuvent être semées directement dans le potager. Pour d'autres, il est préférable de les laisser commencer à grandir dans un "almacigos".
Préparation du bio-fertilisant. Ca ne sent pas bon, mais c'est efficace... et biologique!