Un cours sur la décroissance dans la 6ème plus grande école de commerce de France, vous y croyez, vous ?

Eh bien pourtant, c’est vrai !

 

Il était une fois un petit bout de femme à la voix douce et apaisante, tout droit venu de Roumanie, Roxana Bobulescu. Après la révolution, Roxana vient s’installer à Grenoble pour étudier l’économie, elle a alors 20ans. Elle y obtient son doctorat, puis dans la logique des choses devient enseignant-chercheur.

 

Entre 2001 (année d’obtention du doctorat) et 2008, Roxana écrit un grand nombre de livres et d’articles de recherche, elle donne aussi quelques conférences. Puis, en 2008 elle est recrutée à Grenoble Ecole de Management, 6ème école de France, en tant qu’enseignante chercheur.

 

Cette année 2008 est un vrai déclic pour elle : elle lit La décroissance de Jacques Grinevald et Ivo Rens, qui présentent la pensée de Nicolas Georgescu-Roegen, un économiste d’origine roumaine, comme elle. Depuis ce déclic, elle consacre toutes ses recherches au sujet de la « bioéconomie » dans la pensée de Georgescu-Roegen – « une économie du respect, de la générosité, de l’harmonie, de la simplicité, de la paix » selon les mots de Roxana. « Cela correspond à mes valeurs et me permet de m’épanouir comme jamais je ne l’aurais imaginé », m’a-t-elle dit.

 

Mais du coup, vous me demanderez : comment une grande école de commerce, cette grande institution qui forme les jeunes à être des futurs dirigeants ne recherchant que le profit, a-t-elle pu accepter de laisser agir des enseignants à la pensée alternative ?Eh bien figurez-vous que c’est un préjugé qu’il faut aujourd’hui (et enfin) abolir, car maintenant les grandes écoles s’ouvrent aux problématiques de demain et se rendent bien compte que le monde contemporain est en profonde mutation ! Ce ne sont pas encore des cours de « tronc commun » comme la finance, le marketing ou l’économie, mais au moins on laisse de plus en plus le choix aux étudiants de s’émanciper, de réfléchir au changement, et d’agir ! C’est déjà bien, non ?

 

Roxana nous raconte sa démarche :« Avec un collègue qui partage mes idées, Claudio Vitari, nous souhaitions créer un cours sur la décroissance. Dans un premier temps, pour l’adapter à notre milieu, nous nous sommes concentrés sur le concept Slow (les mouvements Slow Food et Slow Money rejoignent la pensée de la décroissance). Nous avons donc proposé la spécialité Slow Management en 2ème année (en 2011). L’école ne s’y est pas opposée, car ces parcours de spécialité sont très divers (arts plastiques, théâtre, arts de la table entre autres…). Contents de pouvoir faire intervenir des philosophes, activistes, penseurs divers sur les modèles alternatifs, nous avons persévéré et proposé Décroissance soutenable comme option en 2ème année.

Depuis l’année dernière, je propose le sujet du Slow Management aux étudiants de 3ème année pour leur mémoire, et je me réjouit de voir que de plus en plus d’étudiants sont intéressés et désirent approfondir ce sujet . Ensuite, d’autres collègues enseignants-chercheurs ayant la même sensibilité que nous nous ont rejoints, et nous avons fini par publier notre ouvrage Slow Management en 2013 (avec des collègues de l’ESC Dijon). »

 

Vous voyez ? ça bouge ! Roxana a été ma professeur d’économie en 1ère année d’école et j’ai eu l’occasion de m’entretenir il y a peu de temps avec elle. Je suis sortie de notre rendez-vous vraiment rassurée et pleine d’espoir, car grâce à notre longue discussion je me suis rendue compte que nous sommes beaucoup d’étudiants d’école de commerce à vouloir changer les choses. On est au-delà des simples paroles, on est dans l’action !Et ce n’est qu’un début. Des étudiants de l’école ont créé une sorte de communauté « slow », plateforme dans laquelle des documents sont échangés… et peut-être à terme des projets concrets. Nous sommes encore peu nombreux, mais cela va venir, je n’en doute plus.

 

Quant à Roxana, les projets ne manquent pas ! « De la recherche, des enseignements, des coopérations (avec Pierre Rabhi, par exemple), le développement de projets avec des entreprises impliquées dans la Chair « Mindfulness, bien-être et paix économique » de GEM… »

Affaire à suivre…

 

On va finir sur les sages paroles de Roxana, j'espère que cela va vous inspirer:

" Je pense que chacun d'entre nous a besoin de trois choses pour son équilibre personnel

- un gagne pain utile à la société;

-Une activité inspirante, exaltante (artistique, sportive, spirituelle…)

-Une activité pour aider, donner aux autres (famille, amis, connaissances…) dans la joie!

Or, on se rend compte que la plupart du temps on nous "dicte" nos besoins (médias, milieux sociaux, …) et nous nous y conformons docilement"

 

Pour contacter roxana : roxana.bobulescu@grenoble-em.com